Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
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Mer 1 Mai - 21:56
But innocence is gone and what was right is wrong
Sienna & Luca
Eté 2013
Ce retour en Italie, Sienna l’avait attendu pendant des semaines. Elle avait beau toujours profiter du temps qu’elle passait en Grande-Bretagne, et surtout entre les murs de l’université de Poudlard, il n’y avait tout de même rien de mieux que de revenir sur ses terres natales. Tivoli lui avait manqué, sa vie là-bas lui avait manqué. Même si elle devait l’avouer, elle ne le lamentait pas non plus lorsqu’elle se trouvait à Poudlard. Ses études étaient prenantes et exigeantes, mais surtout le cabaret de son frère était désormais ouvert et elle y passait le plus clair de son temps libre. Le Midnight Sky était son présent, mais également son avenir. Pour le moment, elle s’y rendait en tant que stagiaire, mais elle savait qu’une fois ses études terminées, une place l’y attendait. Elle ignorait encore laquelle exactement, c’était précisément ce à quoi servait toutes les heures qu’elle pouvait y passer, mais elle avait hâte de le savoir. Non parce qu’elle ne passait pas tout son temps à enquiquiner Ezio, ça c’était seulement dès qu’elle en avait l’occasion -et elle était heureuse de voir que les occasions se présentaient souvent- elle travaillait également et si elle était impressionnée par le travail qu’avait fourni son aîné pour monter ce cabaret, elle avait aussi hâte de pouvoir y prendre une part réellement active. Ah, Ezio avait bien tenté de faire d’elle sa bonniche en lui donnant des tâches plus dégradantes et inutiles les unes que les autres mais Sienna lui avait rapidement fait comprendre que ça ne prendrait pas avec elle. C’était fou comme se faire poursuivre toute la journée par un seau d’eau sale et sa serpillière tout aussi peu propre ça pouvait faire changer d’avis un sorcier. Des tous comme ça, Sienna pouvait en inventer plein, ses bêtises avaient rarement des limites et son frère le savait bien alors il avait fini par se faire une raison. Ca avait été un peu -beaucoup- chaotique au début, mais ils avaient fini par trouver un terrain d’entente et désormais Sienna était affiliée à toutes les affaires du Midnight Sky. Bon, elle avait encore le droit aux tâches nulle comme trier des dossiers et contacter des partenaires, mais c’était déjà un pas dans la bonne direction et elle avait bien l’intention d’en faire d’autres.
En attendant, les vacances étaient arrivées, et Sienna comptait bien en profiter. Son avenir au Midnight Sky c’était bien sympa, mais pour l’instant sa priorité était surtout de passer du bon temps en Italie avec sa famille et ses amis. Sur les terres de Tivoli, il y avait des choses plus intéressantes que des dossiers et des contrats qui l’attendaient. Il y avait les rassemblements de la Cosa Nostra, les courses de moto, les longues soirées et les fêtes à n’en plus finir. En Italie, du bon temps l’attendait, tout simplement et elle avait bien l’intention de profiter de chaque instant qu’elle passait là-bas. Il serait bien assez vite temps de rentrer au Royaume Uni et de reprendre ses études. Et puis, à Tivoli il y avait Luca. Le sorcier et elle se fréquentaient depuis près d’une année complète désormais et si au début Sienna avait pensé que leur relation resterait légère et possiblement passagère, elle avait bien dû se faire une raison et reconnaitre qu’elle avait eu tort. Oh, ça ne l’aurait pas dérangé plus que ça, de simplement s’amuser un peu avec Luca sans s’engager davantage. Elle avait toujours vécu ainsi, à profiter de la vie telle qu’elle venait, et elle savait que l’italien vivait selon la même philosophie. Alors se lancer dans une relation basée sur l’idée de passer du bon temps ensemble, ça ne l’aurait pas fait sourciller plus que ça, surtout qu’elle savait que ça aurait été partagé. Mais les semaines et les mois avaient passés, et malgré la distance, leur relation avait tenue. En fait, elle s’était même renforcée au fil du temps et Sienna s’était surprise à attendre avec encore plus d’impatience chacun de ses retours à Tivoli. Soudainement, passer du temps avec Luca était devenue une de ses priorités, et pas seulement pour aller participer à des courses de motos volantes. Soudainement, les autres n’avaient pas eu le même attrait que lui. Après des mois, elle avait bien dû se rendre à l’évidence, elle qui ne prenait pas grand-chose au sérieux, considérait sa relation avec Luca comme véritablement sérieuse. Sienna avait bien dû se l’avouer, si son cœur battait un peu plus fort quand elle se trouvait en présence de Luca, ce n’était pas pour rien.
De toutes les choses qu’elle avait eu hâte de retrouver une fois en Italie, Luca et sa famille étaient en premiers sur la liste. Comme toujours, c’était une constante qui ne changeait jamais, et qui lui convenait très bien ainsi. Jusqu’à la douche froide. Le retour de Sienna à Tivoli ne s’était pas exactement passé comme elle l’avait escompté. A peine avait-elle pu poser ses bagages dans sa chambre d’adolescente que ses parents l’avaient fait s’assoir autour d’une table pour discuter avec elle. Son frère avait été présent également, ce qui l’avait laissé plus que perplexe. Il se passait quelque chose, elle ignorait quoi, mais elle sentait que la situation n’était pas normale, qu’il ne s’agissait pas seulement de se retrouver après les mois qu’elle venait de passer à l’université de Poudlard. Des réunions de famille, les Giacometti n’en avaient pas tant que ça, du moins pas officiellement, pas des où les mines étaient aussi graves et sérieuses. Si Sienna avait d’abord songé qu’ils souhaitaient lui parler du cabaret et du poste qui serait un jour le sien, puisque la date fatidique approchait, il n’en fut rien et la chute n’en fut que plus rude encore. Au fur et à mesure que ses parents avaient déroulé leur plan, la jeune sorcière s’était sentie pâlir. Elle avait cherché le regard de son frère, cherché à savoir s’il apprenait également tout en cet instant, mais la froide détermination qu’elle avait lu dans ses prunelles lui avait fait comprendre qu’il était déjà au courant de tout. L’incompréhension l’avait d’abord envahie, avant d’être remplacé par une forme de résolution amère. Un sentiment teinté de tristesse. Un sentiment qu’elle allait devoir combattre et oublier, elle le savait. Ce n’était pas comme si elle avait le choix. Car sa famille passait avant tout, c’était aux Giacometti que sa fidélité allait, sa famille était tout pour elle et elle savait que jamais elle ne pourrait la trahir. Les projets de ses parents, Sienna ne les avait pas vu venir, peut-être aurait-elle dû. Peut-être l’aurait pu si elle avait été un peu moins naïve et moins occupée à s’amuser qu’autre chose. Peut-être ne serait-elle pas tombée de si haut, peut-être aurait-elle pu se préparer. Mais il était trop tard maintenant.
Elle ne fut pas vraiment surprise d’apprendre que ses parents avaient des projets pour elle également. Les Giacometti étaient intelligents, ils savaient quelles ficelles tirer, comment tirer parti de chaque situation, où étaient les avantages et comment s’en servir. Bien sûr qu’ils comptaient mettre leurs enfants à contribution, surtout qu’ils étaient eux même débrouillards. Chacun était utile à sa manière, et celle de Sienna fut vite trouvée. Sa relation avec Luca en était un, de ces avantages. Ils avaient besoin d’elle, ils voulaient qu’elle récupère des information, qu’elle les leur transmette pour qu’ils puissent s’en servir pour leurs desseins. Ils voulaient qu’elle se serve de Luca et de leur relation. Cette idée avait laissé Sienna avec un goût âpre dans la bouche et le cœur lourd. Sa famille lui demandait de trahir l’homme dont elle était tombée amoureuse. Or, sa famille passait avant tout. Il avait fallu quelques jours à l’italienne pour se faire à tout ce qui venait de lui tomber dessus. Car désormais plus rien ne serait plus pareil, elle le savait. Son futur venait de se troubler, sa relation avec Luca d’être empoisonnée. En proie à ses tourments intérieurs, Sienna n’avait pas cherché à voir le Zabini tout de suite et quand enfin ils s’étaient retrouvés, elle avait été saisie d’une profonde sensation de malaise. L’embrasser, se laisser aller dans ses bras, rien que rire avec lui, tout ça sonnait faux à ses oreilles maintenant qu’elle savait. D’autant plus avec le rôle qu’on lui demandait de jouer. Quelque chose s’était brisé, et il était trop tard désormais pour revenir en arrière. Se servir de son corps ainsi la rebutait, tout comme se servir de leur relation, de la confiance qu’ils avaient construit au fil du temps. Aussi peu sérieuse qu’elle l’était, il y avait des choses que Sienna ne pouvait se résoudre à faire. Quelques jours plus tard, Sienna avait annoncé à ses parents qu’elle ne pouvait faire ce qu’ils attendaient d’elle, que puisque sa famille passait avant tout et que toute sa fidélité leur allait, elle allait rompre avec Luca.
Cependant, ce n’était pas parce que l’italienne était résolue que les choses étaient plus simples. Se séparer de Luca lui brisait le cœur, mais ce n’était pas comme si un autre choix s’offrait à elle. Elle devait le faire, ça s’arrêtait là. Elle n’avait pas besoin de réfléchir davantage, elle ne pouvait agir comme sa famille le lui demandait, mais elle ne pouvait leur tourner le dos non plus. Alors elle préférait tout arrêter là avant qu’il ne soit trop tard. Mais maintenant il fallait agir, et si ce n’était pas la première fois que Sienna prenait la décision d’arrêter une relation, c’était la première fois qu’elle était réellement attachée à la personne qu’elle fréquentait. Et elle se rendait compte que ça changeait tout. Le lendemain de leur dernier moment passé ensemble, Sienna avait envoyé un hibou à Luca pour lui donner rendez-vous dans le parc de la Villa Gregoriana, qui les avait déjà vu se retrouver plusieurs fois. Volontairement, la jeune sorcière était arrivée un peu en avance au point de rendez-vous, non loin d’une jolie cascade. Ce n’était pas vraiment dans ses habitudes d’être en avance, mais Sienna savait qu’elle avait besoin de quelques minutes seules pour remettre de l’ordre dans ses idées et trouver le courage nécessaire pour ce qui allait suivre. Elle s’efforçait aussi d’oublier la mine déçue que ses parents avaient eu quand elle leur avait annoncé qu’elle ne prendrait pas une part active dans leur projet, ils l’avaient accepté, mais elle savait qu’ils avaient espéré l’inverse de leur fille. Au moins, Luca ne serait sûrement pas le seul à finir déçu dans cette histoire. Quelques minutes plus tard, des bruits de pas se firent entendre et quand Sienna se tourna dans leur direction, elle ne fut pas étonnée de voir le Zabini. « Ciao, Luca. » Elle eut un sourire en attendant qu’il s’approche. Et si cette fois son cœur se mit à battre un peu plus vite dans sa poitrine, ce ne fut pas pour les mêmes raisons que d’habitude.
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Lun 15 Juil - 19:57
But innocence is gone And what was right is wrong Sienna & Luca, Italie, été 2013
L’été était sans conteste la saison préférée de Luca. En dehors du fait qu’il y avait davantage de courses de moto en cette période grâce à la météo clémente, le retour de la période estivale inaugurait également le retour de Sienna sur le sol italien, après de longs mois passés à étudier dans son école britannique absolument lugubre où le temps devait paraître bien long, éloignée du pays qui l’avait vu naître, de son frère aîné, mais aussi des Zabini. Luca, extrêmement confiant et possédant un ego démesuré, imaginait sans mal que Sienna devait se languir de lui entre ses murs froids, entourée de personnes insipides qui faisaient tapisserie et dont les conversations ne devaient être guère aussi intéressantes qu’à Tivoli. Rien n’était d’ailleurs plus intéressant que de converser avec l’aîné des Zabini, cela allait sans dire. Si Luca était persuadé qu’il manquait à Sienna, c’était peut-être (et cela, jamais il ne pourrait l’avouer) parce que Sienna lui manquait à lui. S’il accueillait auparavant son retour avec joie, la situation avait changé depuis les années précédentes puisque Luca et Sienna étaient, pour ainsi dire, ensemble. Cette réalité était parfois difficile à accepter pour Luca qui n’avait jamais eu pour habitude d’être exclusif, et encore moins de mettre tous ses œufs de dragon dans le même panier, pour autant, la présence de Sienna lui faisait oublier celles des autres femmes. Étonnamment, ils appréciaient la compagnie l’un de l’autre et la relation amicale qui les liait depuis l’enfant était progressivement devenue plus profonde, plus ardente, dépassant de loin les limites qu’ils s’étaient un jour fixés. Luca n’en parlait jamais, ne le disait jamais, mais il était amoureux de Sienna. C’était un fait que chacun pouvait comprendre dès lors qu’on connaissait Luca, un tant soit peu.
Pour autant, l’Italien relisait avec perplexité la lettre que Sienna lui avait envoyé quelques jours plus tôt et dont les mots réclamaient une rencontre. Luca ne saurait dit ce qu’il trouvait de différent, mais il percevait néanmoins que quelque chose avait changé. S'il avait d’abord mis cela sous le compte qu’ils ne s’étaient pas revus depuis plusieurs mois, Luca avait espéré des retrouvailles plus fringantes. Se persuadant qu’il s’agissait que d’une passade, Luca avait laissé couler. Mais après plusieurs rencontres, il avait dû se rendre à l’évidence. Quelque chose tracassait Sienna. Luca ne lui en avait pas parlé, n’avait pas cherché à lui tirer les vers du nez. Après tout, il y avait tant de sujets qui pouvaient la tracasser. L'attente des résultats de ses examens finaux, le nouveau travail qu’elle aurait bientôt au Midnight Sun et la perspective de vivre définitivement en Angleterre. Sur ce dernier point, il n’y avait vraiment pas de quoi se réjouir, effectivement, c’était même plutôt horrible de s’imaginer s’installer dans ce sinistre pays. Depuis qu’Ezio y vivait, la relation des Giacometti et des Zabini étaient plus espacées et imaginer Sienna s’installer également là-bas ne plaisait pas vraiment à l’Italien, qui aurait préféré qu’elle revienne vivre dans la région en s’occupant des affaires familiales directement depuis Tivoli. Ezio avait beau dire que ce n’était pas si loin que ça, ce n’était tout de même pas la porte à côté. En tout cas, si son futur déménagement inquiétait Sienna, elle ne l’avait guère évoqué. Luca n’étant pas du genre à souhaiter parler de l’émotionnel, il s’était contenté de se conduire comme habituellement, imaginant que c’était ce dont Sienna nécessitait. Peut-être aussi parce qu’il ignorait comment agir autrement. Puis, il se disait, peut-être à tort, qu’elle lui en parlerait si elle en avait besoin.
Lui donnant rendez-vous au parc de la Villa Gregoriana, un endroit où ils s’étaient rendus souvent, Luca avait enfourché sa moto et s’était rendu sur place via les routes moldues, comme pour retarder le moment de leurs retrouvailles, puisqu’il aurait été plus rapide dans les airs en utilisant le sortilège de désillusion présent sur toutes les bécanes qui sortaient des garages Zabini. Avait-il inconsciemment souhaité retarder l’échéance ou avait-il eu besoin d’un peu de temps pour organiser une pensée plus cohérente dans sa tête ? Luca se gara devant le parc au moment où la plupart des personnes le quittaient pour aller déjeuner. Marchant quelques minutes pour se rendre à leur spot habituel, celui qui avait vue directe sur la cascade, Luca se para de son sourire détaché, celui qu’il arborait habituellement et qui signifiait je me fous de tout, je suis le roi du monde. Luca avait grandi dans l’optique qu’on lui devait tout, que tout lui était acquis alors imaginer un seul instant que cela ne soit pas le cas semblait improbable. Apercevant la silhouette de Sienna au loin, il s’avança vers elle jusqu’à ce que ses bruits de pas soient suffisamment perceptibles pour qu’elle se retourne et lui adresse un des sourires qui ne pouvaient qu’entraîner le même type de réaction chez Luca. S’installant auprès d’elle, il prit le temps de s’asseoir, d’ôter sa veste en cuir avant de se tourner vers la jeune femme, de se pencher doucement vers elle pour embrasser ses lèvres, ses doigts s’aventurant doucement sous son vêtement pour toucher sa peau. « Ciao, Sienna. » se contenta-t-il de dire, une fois le baiser terminé et que ses mains avaient quitté son épiderme, il pointa son sac à dos et il expliqua : « J’ai pris les déjeuners, je me suis dit qu’on pourrait manger ici. » Luca n’avait jamais été très doué pour cuisiner et il se faisait tellement souvent livrer de la nourriture qu’il connaissait désormais toutes les bonnes adresses de la ville. Connaissant les habitudes de Sienna, il avait choisi en conséquence pour lui faire plaisir, espérant que cela suffise pour qu’elle délaisse ses tourments. « J’avoue que j’ai été surpris de ta...lettre. Tu sais que tu peux passer à n’importe quel moment chez moi si tu veux me voir, non ? » dit-il sur un ton légèrement moqueur. Le courrier rendait les choses tellement formelles alors que Luca était vraiment tout sauf quelqu’un de conventionnel. « Ton frère, lui, ne se gêne pas pour m’emmerder à n’importe quelle heure. » Quoi que… Ces derniers temps, les visites impromptues d’Ezio se faisaient plus rares. Mais il avait tant à faire avec son cabaret. Si les deux garçons s’étaient promis après le déménagement d’Ezio que rien ne changerait, il fallait être honnête, tout avait changé depuis qu’il s’était installé à Londres.
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Ven 23 Aoû - 19:36
But innocence is gone and what was right is wrong
Sienna & Luca
Ce retour aux sources n’avait, au final, pas grand-chose de ressourçant. Chaque année, revenir à Tivoli était comme une bouffée d’air frais pour Sienna. Oh, il ne fallait pas se faire des idées, elle avait aimé sa vie à Beauxbâtons au milieu des français et elle aimait la vie qu’elle menait actuellement à Poudlard auprès des anglais. Les deux écoles de magie l’avaient vu grandir et avaient surtout servis de terrain de jeux idéal pour toutes ses bêtises. Elle n’allait pas prétendre qu’elle n’y passait pas du bon temps, ou qu’elle passait des mois à se languir de sa vie en Italie. Même si, bien sûr, il n’y avait rien de mieux que la vie en Italie. C’était plutôt que Sienna avait rapidement appris à faire la part des choses, et surtout à profiter de ce qui lui était donné, où que cela se trouve. Ses bêtises, elle pouvait les faire n’importe où, la fête elle pouvait la faire avec n’importe qui. L’important était qu’elle était en train de se construire un avenir et que dans le même temps, elle ne se privait de rien. Que cela soit à Poudlard, ou en Italie, le résultat serait le même. Sienna avait un objectif à atteindre et elle ne laisserait pas quelque chose d’aussi triviale qu’un lieu d’étude la détourner du chemin qu’elle souhaitait se tracer. Tant que ce chemin la menait au Midnight Sky, auprès de son frère, alors il pouvait débuter de n’importe où. Ce qui était vraiment important, c’était le point d’arrivé. Tivoli avait simplement une saveur particulière. Celle du retour aux sources, de l’évidence en quelque chose. Là, elle était véritablement chez elle et elle pouvait retrouver ses marques sans même avoir à y réfléchir. C’était comme revenir à la surface après une apnée, les mois passés loin n’était pas forcément désagréables, mais elle respirait mieux.
Du moins, jusqu’à ce que ses parents lui annoncent que le monde qu’elle connaissait et dans lequel elle évoluait depuis la naissance n’était qu’une mascarade et qu’ils attendaient désormais à ce qu’elle y prenne une part active. Des plans avaient été fait en secrets, des accords passés, des ambitions nourries et des rancunes ravivées. Les Giacometti voulaient le pouvoir. Ils voulaient détrôner les Zabini de la tête de la Cosa Nostra. Devant l’inflexibilité de ses parents, Sienna s’était demandé comment elle avait pu ne rien voir venir, comment elle avait pu ne pas comprendre plus tôt, ne rien discerner, deviner. La réponse était plutôt simple, elle s’était toujours contentée de profiter de la vie sans se poser de questions, sans s’engager plus que nécessaire. Son objectif de travailler avec son frère au Midnight Sky était certainement le premier projet dans lequel elle s’investissait réellement et qu’elle avait bien l’intention de tenir jusqu’au bout. Ceci expliquait cela. Elle avait été aveugle parce qu’elle l’avait voulu. Parce que sa vie lui convenait très bien ainsi et qu’elle n’avait jamais vu de raison de changer. Sauf qu’elle n’était pas seule et que soudainement, les plans de sa famille l’impliquaient également et que ce n’était pas grave si ça secouait tout ce qu’elle avait connu et auquel elle tenait. Parce qu’il y avait plus grand, plus important qu’elle. Ses parents voulaient qu’elle soit utile à leur ascension. Ils étaient une famille après tout. Les Giacometti y avaient toujours attaché beaucoup d’importance et pour eux, la famille passait avant tout. Même avant les Zabini. Même avant la Cosa Nostra. Sienna avait toujours vécue par ce principe, mais jamais elle n’avait songé qu’il pourrait l’emmener sur ce terrain-là un jour. A choisir entre ses amis et sa famille. Entre son existence et l’ambition des siens. Ils étaient une famille après tout. Ca voulait dire tout faire pour sa famille, tout sacrifier si besoin. Et c’était pile ce qu’on lui avait demandé.
Puisque Sienna n’avait pas pu tout faire comme ses parents le lui avaient demandé, elle avait choisi le sacrifice. Celui de sa relation, de sa toute première vraie relation amoureuse. Celui de sa relation avec Luca. C’était ça ou se servir de lui. Le trahir en même temps qu’elle se trahissait elle-même. C’était un pas que Sienna n’avait pas pu franchir. Il y avait bien des choses dont elle se fichait dans son existence, des choses qu’elle prenait à la légère, mais pas celle-là. Sa relation ne deviendrait pas l’instrument de sa famille, mais puisqu’elle ne pouvait -et ne voulait- pas non plus se dresser face à ses parents, alors elle y mettrait fin. Est-ce qu’elle allait souffrir de cette décision ? Sienna ne voulait pas y penser. Elle faisait ce qu’il y avait de mieux, elle pensait à sa famille, point. Le reste ne comptait pas, c’était de toute façon la seule chose à faire. Ce n’était pas comme si elle avait cherché une relation sérieuse. Ou même qu’elle en ait véritablement désirée une. Ce n’était pas comme si les sentiments, ça avait toujours été son truc. Ca lui était tombée dessus, voilà tout. Elle avait pu en profiter le temps que ça avait duré, c’était déjà ça. Elle n’avait pas vraiment de quoi se plaindre, elle avait passé de bons moments avec Luca, elle avait apprécié chaque instant passé avec lui. Si elle s’en tenait à ça, tout irait bien. Elle s’était donc résolue et avait envoyé son hibou porter un message à Luca pour qu’ils se retrouvent en fin de matinée dans un parc, et quand elle entendit son pas résonner dans l’allée ombragée, elle le reconnut sans mal. Elle songea brièvement qu’elle s’était peut-être laissé aller à s’attachée à lui bien plus que prévu. Bien plus que de raison.
Peut-être aurait-elle dû jouer la prudence immédiatement et empêcher Luca de l’approcher, mais elle ne fut incapable. Ses lèvres sur les siennes, ses doigts sur sa peau la firent frissonner. Elle pouvait bien en profiter une dernière fois. Elle savait ce qui l’attendait, elle avait bien le droit à ça. A grappiller juste un contact de plus, une dernière sensation de bien-être avant de tout détruire. « Ciao, Sienna. » Quand elle croisa le regard de Luca, Sienna songea que ce n’était à la fois vraiment pas sage d’être si proche, mais aussi complètement injuste. Elle baissa les yeux pour suivre le geste de l’italien qui désigna le sac qu’il avait emmené avec lui. « J’ai pris les déjeuners, je me suis dit qu’on pourrait manger ici. » Sienna pinça les lèvres, soudainement la culpabilité venait lui ronger les entrailles. Une émotion à laquelle elle n’était pas habituée, elle qui se fichait de tout, et qu’elle tenta de repousser de son mieux. C’était soit ça, soit utiliser Luca. Elle faisait ce qu’il y avait de mieux à faire. Machinalement, elle hocha la tête mais n’eut pas vraiment de réponse à lui apporter. Elle doutait que ce déjeuner quitte son sac, et même si c’était le cas, tout appétit l’avait déserté depuis qu’elle avait pris sa décision et ça ne manquerait pas de questionner Luca. « J’avoue que j’ai été surpris de ta... Lettre. Tu sais que tu peux passer à n’importe quel moment chez moi si tu veux me voir, non ? » Une moue s’installa sur les traits de l’italienne. Elle avait volontairement choisi un endroit neutre, car même si elle ignorait totalement comment les choses allaient pouvoir se passer, elle préférait être sur un pied d’égalité. Sauf qu’elle ne pouvait pas dire les choses ainsi. Elle avait bien d’autres mots à prononcer d’abord, et ils rendraient sûrement ceux-là complètement inutiles. Elle se contenta donc de rouler des yeux comme pour dire que la question de l’italien était évidente, et la réponse encore plus. « Mais où est la surprise, si tu sais déjà que je peux passer ? » Rétorqua-t-elle avec un sourire en coin. Il savait bien que Sienna n’aimait pas faire tout comme tout le monde.
« Ton frère, lui, ne se gêne pas pour m’emmerder à n’importe quelle heure. » Nouveau roulement d’yeux de la part de l’italienne, qu’elle ponctua d’un grognement amusé. Ah, Ezio c’était toute une histoire. Pour son frère, tomber sur les gens était devenu un art de vivre. Ensuite, tout dépendait de ses raisons. Avec Luca c’était pour lui rendre visite ou pour l’entrainer dans des aventure, avec elle, ça avait été pour lui apprendre à se défendre et à se battre. Clairement, le Zabini n’avait pas de quoi se plaindre. Sienna aurait largement préféré le traitement que son frère avait réservé à son ami plutôt que le sien. Au moins ça lui avait permis d’apprendre à être toujours sur ses gardes et à réagir face à un danger soudain. Le tout au prix de pas mal de bleus, égratignures et même un nez cassé, mais ça avait fini par porter ses fruits et la leçon était entrée. Ce que Sienna ne dirait jamais à son ainé, sinon il n’allait plus jamais passer les portes. Ce qui était déjà plus ou moins le cas selon les jours. « Mon frère n’a aucun savoir vivre. » Souligna-t-elle sans hésiter. Elle savait de quoi elle parlait. Et en tant que petite sœur, elle était la mieux placée pour l’affirmer. Etrangement, elle sentait que Luca ne la contredirait pas sur ce point. « De nous deux, c’est moi la mieux élevée, tu devrais le savoir. » Elle eut un bref sourire. Si bien élevée qu’elle préférait ne pas prendre part au plan de ses parents, là où Ezio avait l’air complètement partant. Dire que Luca était son meilleur ami. Sienna ne comprenait pas, il allait falloir qu’elle discute avec son frère, qu’elle éclaircisse ce mystère qui lui aussi lui était tombé dessus, mais ça viendrait plus tard. Pour le moment, ce n’était pas cette discussion-là qui occupait toutes ses pensées et ressemblait étrangement à de la torture.
Mais comment faire, maintenant, pour lancer cette discussion qu’elle n’avait absolument aucune envie d’avoir ? Sienna hésita. Ce n’était pas la première fois qu’elle cessait de fréquenter quelqu’un, mais c’était la première fois qu’elle imposait une rupture à une vraie relation. Elle n’avait jamais été impliquée dans une vraie relation avant Luca, alors elle s’était toujours contentée de s’éloigner et le reste s’était fait tout seul. Pas de discussion, pas de décision. Pas de déçus. Mais cette fois c’était différent. Elle prit une inspiration, consciente qu’elle grapillait du temps pour rien, qu’elle ne pourrait pas y couper. « J’ai préféré te donner rendez-vous ici, je me suis dit qu’on aurait moins de chance d’être dérangés. » Ce qui ne l’aurait décidemment pas aidé à enclencher cette discussion. « Ta sœur est à peu près aussi discrète que mon frère. Et bien plus curieuse. » Ajouta-t-elle sans laisser le temps à Luca de la couper. Autant dire les choses telles qu’elles étaient, Anjelica n’était pas exactement un modèle de discrétion. Ce qui n’était pas vraiment une critique, en réalité, c’était aussi pour ça qu’elles s’entendaient si bien. Sienna se força à se concentrer, à ne pas partir sur des sujets plus faciles, ce qui était terriblement tentant, il fallait l’avouer, elle croisa le regard de Luca et peina à le soutenir. « J’ai besoin de te parler de quelque chose mais, hum… Je ne crois pas que ça soit une bonne surprise cette fois. » Elle prit une profonde inspiration, consciente que ses prochains mots seraient fatidiques. Consciente qu’ils changeraient tout.
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Dim 8 Sep - 21:48
But innocence is gone And what was right is wrong Sienna & Luca, Italie, été 2013
Évoluant sur les routes moldues avec sa moto, l’esprit de Luca semblait comme ailleurs. Une part de lui, et sans doute la plus grande part de lui, avait hâte de retrouver Sienna puisque chaque jour qui passait loin d’elle semblait être une éternité. Cet état de fait était dérangeant pour Luca, puisqu’il n’aimait pas s’attacher, qu’il s’était toujours imaginé comme étant un homme plutôt volage, s’amusant avec la gente féminine sans prendre attention à leurs sentiments, à leurs ressentis et leurs besoins. Le fait que Sienna soit différente des autres rendaient les choses plus complexes à appréhender pour le Zabini, qui ne s’était pas attendu à apprécier Sienna de cette manière-là. Après tout, ils avaient quasiment grandi ensemble et s’il avait longtemps pensé qu’il ne s’agissait que d’une relation fraternelle, les années lui avaient prouvé le contraire au fur et à mesure que Sienna s’affirmait, devenait une femme désirable au tempérament bien ficelé, avec suffisamment de caractère pour ne pas s’écraser face aux humeurs parfois misogynes du jeune homme. L’autre part, moins importante, se demandait ce qui justifiait l’envoi d’une lettre si cérémonieuse alors qu’ils n’avaient jamais véritablement conversé par courrier. Sauf lorsqu’elle était en Angleterre, bien entendu, puisqu’ils n’avaient alors pas le choix. Mais lorsqu’ils étaient tout deux sur le sol italien, les opportunités pour se rencontrer étaient légions et ne nécessitaient pas vraiment l’envoi de lettres enflammées.
Luca arriva au point de rendez-vous à l’heure prévue, ce qui en soit, était un exploit suffisamment important pour qu’on le souligne. Il ne lui fallut pas longtemps pour remarquer Sienna et la rejoindre sur le spot habituel. C’était un des endroits qui leur tenait à cœur et qui était plaisant à observer. Pour ainsi dire, Luca ne s’en était encore jamais lassé. La vue sur la cascade était des plus somptueuses et peu importait la météo, entendre l’eau sombrer et s’éclater sur les roches en contre-bas était toujours un spectacle des plus grandioses. Aujourd’hui, la météo était estivale, les nuages se faisaient discrets et les températures étaient très agréables. Ils pourraient manger à l’extérieur tout en se prélassant au soleil. Il s’installa auprès de la jeune Giacometti, la salua d’un baiser fort prononcé avant de l’observer d’un air circonspect, scrutant la moindre de ses réactions, cherchant des réponses à ses questions. Mais peut-être qu’il se faisait des films et que tout allait bien ? Pourtant, si le cœur de Luca semblait se voiler la face, son instinct lui disait tout l’inverse. Alors, il préféra débuter simplement, par quelques questions, notamment sur la manière qu’elle avait eu de solliciter cette entrevue. Face à sa remarque, Sienna eut une moue étrange que Luca n’expliqua pas vraiment. « La surprise, c’est de ne pas savoir quand tu vas passer, j’imagine. » dit-il en haussant les épaules. « Tu pourrais me surprendre en fâcheuse posture. » dit-il, moqueur, faisant allusion aux états d’ébriété dans lequel Luca se plongeait régulièrement, quand ce n’était pas la drogue… Combien de fois Ezio l’avait rejoint sur la propriété des Zabini alors que Luca était tout sauf présentable ? La fougue de la jeunesse, l’enthousiasme d’un jeune homme dans la fleur de l’âge, qui pensait que tout lui était dû. Mais Sienna semblait avoir réponse à tout puisqu’elle lui signifia qu’elle avait des manières, contrairement à son frère aîné qui en manquait cruellement. Luca ricana allègrement, la rejoignant tout-à-fait sur tout cela. S’il en était aussi certain, c’était bien parce qu’il était le meilleur ami d’Ezio depuis des années et parce qu’il le connaissait presque aussi bien que Sienna. Presque. Une petite voix dans l’oreillette me dit que tu vas tomber de haut mon pauvre petit Luca…. « J’en ai aucun doute. » Il ne s’hasarda pas à faire une comparaison foireuse avec Anjelica car il n’était pas certain qu’elle possède davantage le sens des convenances que Luca, bien au contraire. Les Zabini étaient ainsi faits et sur ce point, Luca, comme Anjelica, se ressemblaient.
Luca se tourna vers son sac, prêt à en sortir les bières qu’il avait apportés lorsque les mots de Sienna l’interpellèrent, le forçant à s’arrêter dans son geste. Être dérangés? Si des pensées concupiscentes s’invitèrent immédiatement dans l’esprit débauché de Luca, il les chassa assez rapidement. À ce qu’il sache, Sienna n’était pas du genre à aimer l’exhibitionnisme et il était peu probable qu’elle lui ait demandé de venir ici pour se faire démonter en public amis de la poésie, bonsoir. Pour qu’elle préfère qu’ils se retrouvent ici plutôt qu’ailleurs, pour qu’elle craigne que leur frère et sœur respectifs puissent les importuner, il devait y avoir une autre raison. Une raison qui la poussait à être si énigmatique, si… distante ? Pourtant, elle parvient à croiser son regard mais Luca se rendit immédiatement compte qu’elle aurait préféré être partout sauf ici. Que se passait-il ? « J’ai besoin de te parler de quelque chose mais, hum… Je ne crois pas que ça soit une bonne surprise cette fois. » Le cœur de Luca s’emballa brutalement, tandis que son esprit cherchait immédiatement des réponses à cette phrase énigmatique. La première chose qui lui vint en tête fut une grossesse non désirée mais Luca balaya cette idée d’un revers de main. Il faisait toujours très attention lorsqu’il avait des rapports avec une femme pour éviter cela, il n’avait pas eu de relations charnelles avec Sienna depuis son précédent retour et à moins qu’elle dissimule un ventre de plusieurs mois de grossesse sous son tee-shirt, cette possibilité n’était pas à envisager. Une autre idée germa dans la tête de Luca, peut-être que l’enfant n’était pas de lui ? Ou peut-être que… Peut-être qu’il s'agissait bien d'une aventure avec un autre homme ? Pour quoi d’autres aurait-elle voulu empêcher Ezio et Anjelica de les interrompre s’il ne s’agissait pas de quelque chose de personnel ?
A l’idée même que Sienna puisse l’avoir trompé, la gorge de Luca s’assécha. Son regard s’éloigna, scrutant l’eau qui chutait dans la fontaine. A vrai dire, Luca n’avait jamais été le genre d’homme à être fidèle, ne s’attachant pas, laissant ouvertes toutes les possibilités, butinant de femmes en femmes, prenant son plaisir là où il le pouvait, sans jamais se soucier du mal qu’il pouvait faire, du fait qu’il soit perçu comme étant un homme volage. Pour autant, avec Sienna, et malgré la distance, il n’avait jamais été infidèle. Jamais. Ce n’était pas une règle qu’ils avaient établi entre eux en disant qu’ils étaient dans une relation monogame, ça avait simplement paru logique à Luca dès qu’il avait compris qu’il était amoureux d’elle. La raison à cela était simple : il détestait imaginer Sienna avec un autre homme. Alors il avait tenu à être irréprochable, lui aussi.
Prenant l’air détaché, plus qu’il ne l’aurait souhaité, pour ne pas montrer à quel point il était blessé qu’elle n’ait pas pu lui être fidèle, il balança : « C’est bon Sienna, on avait jamais dit qu’on serait exclusifs. » Signe qu’il était davantage perturbé qu’il ne le laissait croire, il plongea sa main dans la poche de son blouson de cuir, attrapant son paquet de cigarette, s’en grillant une immédiatement. Vaine tentative de calmer ses nerfs. « C’est arrivé combien de fois ? » demanda-t-il, écœuré. Ne sachant pas bien ce qu’il devait dire, ni ce qu’il devait faire. Ni même s’il pourrait passer au-dessus de ça. Sienna avait fait sa traînée avec un autre homme que lui et franchement, s’il n’avait pas du tout envie de connaître les détails, il en avait pourtant besoin. La question était de savoir si ce n'avait été qu'une erreur de passage, causée par les désastres de l'alcool (lui-même avait bien failli succomber à plusieurs reprises aux avances d'autres femmes mais n'avait jamais franchi la limite qu'il s'était fixé à lui-même) ou bien une histoire plus sérieuse qui mettrait probablement à mal leur relation à eux.
Luca était calme, trop calme. C'était le calme avant la tempête, avant l'explosion, il le savait. Il se contenait. En lui, une rage folle montait, même s’il essayait de faire comme si cela ne l’atteignait pas. Comme s’ils étaient dans une relation libre où chacun pouvait faire ce qu’il souhaitait avec d’autres.
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Lun 21 Oct - 22:33
But innocence is gone and what was right is wrong
Sienna & Luca
Se prendre la tête, ce n'était pas dans les habitudes de Sienna, loin de là. Certains diraient même que c'était elle qui prenait la tête. Ils auraient raison. Et Sienna adorait ça. Ses parents seraient les premiers à le dire, pour commencer, parce que comme toutes les progénitures elle savait se montrer casse pieds, mais surtout son frère parce qu'elle adorait le faire râler. C’était aussi simple que ça. Ezio avait peut-être pris la sale habitude de lui tomber dessus en beuglant qu'elle n'était pas prête à affronter des attaques surprises, mais Sienna, elle, mettait d'un point d'honneur à lui rendre la monnaie de son Gallion en le rendant fou d'une autre manière. Prendre la tête, Sienna était douée pour ça, surtout avec son frère il fallait le dire. Elle savait exactement sur quel bouton appuyer, quel mot prononcer, Ezio réagissait toujours au quart de tour alors elle en profitait allègrement. Il disait toujours qu'il allait se venger, et il le faisait, mais Sienna n'avait pas peur de son aîné, elle le connaissait depuis toujours et même s’il lui avait déjà cassé le nez, elle savait qu’il ne lui ferait pas vraiment de mal. De toute façon, elle s'amusait bien trop pour avoir peur de lui. En plus, la crédibilité d’Ezio prenait un coup dès qu’elle lui rappelait qu’elle l’avait déjà vu tout gamin courir en sous-vêtements dans leur maison et qu’elle savait où étaient rangés les albums photos remplis de souvenirs gênants et elle n’hésiterait pas à s’en servir. Ah l’égo en prenait toujours un coup, et niveau menace son frère pouvait repasser. Au fil des ans, Sienna avait élevé le fait d’enquiquiner son ainé au rang d’art. Autant dire qu’elle était devenue une artiste et qu’elle aimait partager son art avec d’autres chanceux. Elle avait toujours été du genre généreuse.
Mais cette fois, les choses étaient différentes. Cette fois Sienna se trouvait de l'autre côté du miroir et cette sensation lui déplaisait particulièrement. Aujourd'hui l'italienne se prenait la tête et elle avait le sentiment amer que ce ne serait pas juste une passade qu'elle pourrait oublier rapidement. Comment le pourrait-elle alors que ses propres parents la mettaient au pied du mur et que son frère avait l'air de se complaire dans leurs plans ? Sa vie allait changer, c'était une évidence et désormais ce n'était plus qu'une question de temps. Un décompte s’était déclenché quelque part et l’italienne ne pourrait le stopper. Ne restait plus à savoir si ce serait en bien ou en mal, une question à laquelle Sienna n'avait pour le moment aucune réponse. Elle avait juste une sensation désagréable dans le ventre et beaucoup d'interrogations sans réponses. Il y avait juste une chose dont elle était sûre, elle ne pouvait rester avec Luca. Pas avec ce qu'elle savait, pas avec les plans de sa famille. Si elle ne tournerait jamais le dos aux siens, elle refusait également de se servir du Zabini. Sienna ne voulait pas être un objet dans la quête de pouvoir de ses parents, sûrement que là aussi elle leur prenait la tête, mais elle était résolue et ils s’étaient fait une raison. Elle ne se servirait pas de sa relation, alors elle devait y mettre fin. C’était aussi simple et aussi compliqué que ça. Avec Luca, les choses avaient toujours été naturelles, même l’instant où leur relation avait changé pour de bon, pourtant alors qu’ils se retrouvaient au parc de la Villa Gregoriana, alors qu’ils s’embrassaient, tout sonnait soudainement faux. Le Zabini avait raison, c’était un peu étrange qu’elle lui ait donné rendez-vous de la sorte, mais en même temps Sienna ne s’était pas vu débarquer à l’improviste chez lui pour rompre. Ca aurait donné un aspect futile à sa décision, comme si elle agissait sur un coup de tête alors qu’en réalité elle y avait longuement réfléchi.
Mais tout ça, Luca ne pouvait s’en rendre compte, tout ce qu’il voyait c’était que c’était différent, qu’elle aurait pu lui faire la surprise, que ça ne l’avait pas arrêté par le passé, mais qu’aujourd’hui oui. Une remarque à laquelle elle ne put s’empêcher de rétorquer. « La surprise, c’est de ne pas savoir quand tu vas passer, j’imagine. » Un fin sourire aux lèvres, Sienna pencha la tête sur le côté. D’accord, d’accord, il n’avait pas tort, il fallait bien l’admettre. « Buono, j’avoue que c’est un bon point. » Reconnu-t-elle tranquillement, pas vexée pour un sou de ne pas avoir le dernier mot. Elle préférait s’amuser avec Luca, même si cette fois ça avait une saveur différente. « Tu pourrais me surprendre en fâcheuse posture. » Une expression amusée s’échappa de la gorge de l’italienne. Vu leur rythme de vie, c’était plus que probable. Ils étaient tous deux loin de dire non à la fête et à tout ce qui allait avec alors il n’avait pas été rare que Sienna voit Luca bourré, défoncé ou avec une gueule de bois monstre. Ce qui ne durait jamais pour ce dernier point, merci les potions. Ces états étaient loin d’être une nouveauté pour Sienna, et elle ne pouvait pas dire qu’elle avait toujours montré un visage parfaitement présentable au Zabini non plus. « Tu l’es assez souvent avec moi, plus rien ne me surprend. » Souligna-t-elle avec une pointe d’humour. Depuis le temps qu’elle connaissait le Zabini, il lui semblait qu’elle l’avait vu sous toutes ses facettes, même les moins présentables, ce qui ne l’avait jamais dérangé d’ailleurs. Et si Ezio était plus du genre à débarquer à l’improviste dans la maison des Zabini, c’était tout simplement parce qu’il ne possédait pas autant de savoir-vivre qu’elle, ce qui était particulièrement facile à démontrer : il suffisait de lui demander. Au rire de Luca, Sienna esquissa un sourire. « J’en ai aucun doute. » La sorcière hocha lentement la tête, à cette remarque elle ne pouvait qu’acquiescer.
Ca laissait une impression étrange à Sienna de plaisanter ainsi avec Luca alors qu’elle savait parfaitement pourquoi elle était venue. Elle avait le sentiment d’observer la scène de l’extérieur, que ce n’était pas vraiment elle en train de rassembler son courage pour aborder le sujet qui expliquait leur présence ici. Luca avait raison sur un point, il était rare qu’ils communiquent par lettres quand ils se trouvaient tous les deux en Italie, que les choses se fassent de manière presque formelle. Sienna était effectivement plus du genre à envoyer un hibou à la dernière minute ou à débarquer quand elle en avait envie. Mais cette fois c’était différent. Cette fois elle avait besoin qu’ils soient seuls et surtout qu’ils ne finissent pas par être dérangés par Ezio ou Anjelica. Sienna avait besoin de parler à Luca et quand elle précisa que ça n’allait pas être une bonne surprise pour l’italien, elle vit son attitude changer. L’atmosphère se fit aussitôt plus tendue entre eux alors que le regard de Luca quittait le sien pour se porter sur le paysage. La distance qui s’installa brutalement entre eux lui serra la gorge, et ce n’était qu’un avant-goût. Sienna n’avait pas envie d’aller plus loin, de rompre pour de bon, mais elle n’avait pas le choix. Elle était à la croisée des chemins et elle avait choisi celui qui menait à sa famille. Sa fidélité, son engagement, avaient toujours été pour les Giacometti et ça ne changerait pas. Même si elle sentait son cœur se tordre dans sa poitrine à l’idée que cela veuille dire renoncer à Luca. Elle n’avait pas le choix, c’était tout ce qu’elle devait se dire. Ou plutôt, le choix, elle l’avait fait et maintenant il n’y avait plus de retour en arrière possible. C’était un mauvais moment à passer et ensuite… Eh bien elle verrait. Chaque chose en son temps, Sienna avait toujours vécu ainsi. Elle ne voyait pas pourquoi elle ne pourrait continuer, même avec un cœur brisé.
« C’est bon Sienna, on avait jamais dit qu’on serait exclusifs. » L’italienne fronça les sourcils, prise au dépourvue. Elle tourna la tête vers Luca mais celui-ci ne la regardait toujours pas. Son ton était calme, son attitude détachée, mais ça sonnait faux. Sienna connaissait Luca, il n’était pas le calme incarné, il n’était pas le self-control et la patience. Son comportement était le feu qui couvait, qui attendait d’exploser. « Quoi ? » Demanda-t-elle, machinalement. Elle ne comprenait pas pourquoi il lui parlait d’exclusivité, pourquoi son esprit allait directement sur ce sujet. Elle l’observa sortir une cigarette et l’allumer pour tirer nerveusement dessus. La seule preuve physique de son agitation intérieure. Le fait qu’elle ne cherche pas à la lui piquer était la preuve de son propre malaise. « C’est arrivé combien de fois ? » Sienna retint un soupir. Donc il continuait sur ce chemin-là. Vraiment, l'image qu'il avait d'elle devait être particulièrement reluisante pour qu'il tire directement cette conclusion. C'était à se demander pourquoi il était resté avec elle. Sienna essaya de ne pas en prendre ombrage, de se dire que c'était son ego qui parlait, que c’était une manière de se protéger, que de toute façon ça n'avait aucune importance mais c'était vraiment difficile. Elle aussi, elle avait un égo. Elle aussi, elle s’était engagée auprès de lui. Voir tout ça bafoué la piquait particulièrement. « Mais de quoi tu parles ? » Au fond, c'était clair, sa question était rhétorique. Il lui parlait d'infidélité. Elle lui disait qu'elle avait à lui parler et lui, il imaginait direct qu'elle avait couché avec quelqu'un d'autre. Sienna aurait bien souligné que c'était hypocrite de sa part étant donné que lui non plus n'avait pas pour habitude d'être fidèle, que lui aussi passait son temps à coucher sans s’engager, mais ça aurait été inutile. Non seulement elle n'aurait pas non plus aimé l'apprendre s’il lui avait été infidèle mais pour une fois elle n'avait pas l'intention de jeter de l'huile sur le feu. « J’ai pas été voir ailleurs, Luca. » Déclara-t-elle avec tout l'aplomb dont elle était capable. Contrairement à ce qu'il avait l'air de penser, Sienna n'avait pas couché avec un autre homme que lui depuis qu'ils étaient ensemble. Ils n'avaient même pas eu besoin d'avoir de conversation sur l'exclusivité, ça avait juste été ainsi.
Néanmoins, en sachant ce qu'elle savait et ce qu'elle prévoyait, Sienna en venait à se demander si ça n'aurait pas été mieux qu'il pense le contraire. Au moins elle se serait assurée d'une rupture totale. Brutale mais efficace. N'aurait ce pas été mieux qu'il lui en veuille, qu'il ne désire plus la revoir ? La sorcière s'était posé la question mais elle n'avait pas réussi à se faire une raison. Que Luca s'imagine que leur histoire n'avait pas eu assez d'importance à ses yeux avait été inenvisageable. Ce n'était pas parce qu'elle choisissait sa famille qu'elle reniait ce qu'ils avaient eu. Elle n'avait pas voulu prendre ce chemin-là, mais ça ne changeait pas la finalité. Elle prit une inspiration, rassembla son courage avant de reprendre. « Mais je crois que ça ne changera rien. » Elle n'avait pas été voir ailleurs, mais ça n'effaçait pas sa résolution. Par Merlin, elle avait été fidèle pour la première fois, elle avait été amoureuse pour la première fois, et elle en arrivait là. C'était injuste mais elle ne pouvait pas lutter. Puisque Luca ne la regardait pas, elle posa à son tour ses prunelles sur le paysage qui s'étalait devant eux. Dans l'espoir de rendre la situation un peu plus supportable. Ce fut bien sûr un échec. Et si elle essaya de ne rien en montrer, ce ne fut pas plus un succès. « Il vaut mieux qu'on s'arrête là, Luca. Je crois... Ca ne marche plus. » Sa voix était éteinte, loin de son timbre habituel, de son enthousiasme. Il n'y avait plus d'éclat, pas de prunelles brillantes, plus de sourire sur ses lèvres. C'était plus dur que Sienna ne l'avait imaginé, même maintenant que les mots étaient sortis. « Toi et moi. » C'était peut-être pour ça qu'elle ne s'était jamais attachée avant, elle avait eu raison et maintenant elle en payait le prix.